Pied creux décompensé
Le pied creux, tout comme le pied plat, est une variation anatomique du pied dit « normal ». Le pied creux se caractérise par une voûte plantaire très marquée du coté interne du pied, ainsi que par un abaissement du premier métatarse. Il s’accompagne d’une bascule plus ou moins importante en varus de l’arrière-pied (arrière-pied en « O ») et d’une adduction du médio-pied (pied déviant vers l’intérieur). Les causes du pied creux sont multiples. A côté d’une origine héréditaire ou génétique caractérisant la morphologie de ce pied, un problème neurologique doit être suspecté et recherché. Il peut également s’agir d’une séquelle d’un pied bot congénital. Le pied creux est longtemps bien compensé, mais les forces exercées sur le pied au fil des années provoquent une surcharge de certaines structures ligamentaires et tendineuses, ce qui conduit à une décompensation du pied et à l’apparition de douleurs. Les premiers symptômes se manifestent lors d’efforts prolongés et sont le plus souvent dues à une inflammation des tendons péroniers sur le bord latéral de la cheville. Une insuffisance des ligaments externes de la cheville peut également se développer, occasionnant un sentiment d’instabilité de la cheville et des épisodes d’entorses à répétition. Si la déformation s’accentue, une arthrose peut s’installer dans les articulations de l’arrière-pied et de la cheville, accentuant encore les douleurs et la gêne fonctionnelle. Le pied creux est également souvent accompagné de déformations d’orteils en marteau en raison d’un déséquilibre entre les tendons fléchisseurs et les tendons extenseurs des orteils.
Traitement
L’examen clinique permet de poser le diagnostic. D’autres examens complémentaires comme des radiographies standards ou une IRM sont souvent nécessaires afin de préciser l’état de certaines structures anatomiques. Si l’on suspecte un problème neurologique associé, une évaluation chez un neurologue est conseillée. Dans le cas d’un pied creux, il est important de consulter un spécialiste dès l’apparition des premiers symptômes.
A ce stade, un traitement conservateur peut être mis en place, le plus souvent sous forme de supports plantaires adaptés et d’exercices de renforcement des muscles péroniers. Ces mesures permettent alors de stabiliser la situation et d’éviter une progression des symptômes et de la déformation.
A un stade plus avancé de la déformation, une correction chirurgicale est souvent nécessaire afin de rétablir l’anatomie de l’arrière-pied et de corriger d’éventuelles déformations d’orteils. L’intervention est une combinaison de plusieurs gestes (ostéotomie correctrice du calcanéum et du 1er métatarse, reconstruction ligamentaire latérale et éventuellement une révision des tendons péroniers). En présence d’une arthrose symptomatique des articulations de l’arrière-pied ou de la cheville, des arthrodèses, combinées éventuellement à la mise en place d’une prothèse totale de la cheville sont souvent nécessaires et permettent de traiter les symptômes.
L’intervention peut durer jusqu’à deux heures en fonction des gestes à effectuer et peut être réalisée sous anesthésie générale ou rachidienne. On peut y associer une anesthésie locale d’un des nerfs principaux du pied (bloc poplité), ce qui permet de nettement réduire la douleur post-opératoire. Il faut compter deux à trois nuits d’hospitalisation. La marche se fait immédiatement dès le premier jour post-opératoire en décharge totale du pied opéré à l’aide de cannes dans une botte plâtrée amovible. Cette décharge totale est à respecter pendant les deux premières semaines. L’ablation des fils et la confection d’une nouvelle botte plâtrée amovible ont lieu 2 semaines après l’intervention. A partir de ce moment-là, une charge partielle de 15 à 20 kg sur le pied opéré est permise, ceci pour 4 semaines supplémentaires. Un contrôle clinique et radiologique est effectué 6 semaines après l’opération.
En cas de guérison osseuse suffisante, une augmentation progressive de la charge sur le pied se fait sur une période de deux à trois semaines jusqu’à la charge totale. Dès la 7e semaine, un traitement de physiothérapie visant à faire diminuer la tuméfaction du pied et à améliorer sa fonction est mis en place. La reprise d’activités telles que la natation, le vélo ou la marche modérée est possible dès la 10e semaine post-opératoire. Les activités plus contraignantes sur le pied comme les randonnées de plus longue durée peuvent être envisagées à partir du 7e mois après l’intervention. Des activités comme la course à pied ou d’autres sports de type « stop and go » ne sont pas recommandées après ce type d’intervention. Le pied va continuer à s’affiner et à s’assouplir jusqu’à un an post-opératoire et retrouver progressivement sa pleine fonction. Le port d'un support plantaire adapté est recommandé par la suite afin de maintenir la correction.