Arthrose de la cheville
Tout comme dans l’arthrose du médio-pied ou de l’arrière-pied, l’arthrose de la cheville peut être primaire – sans cause apparente – ou secondaire, le plus souvent suite à une fracture ayant touché la surface articulaire. Dans le cas de l’arthrose post-traumatique, les symptômes peuvent se manifester plusieurs années après le traumatisme initial, mais peuvent également survenir beaucoup plus rapidement, après quelques mois déjà. D’autres maladies comme l’hémophilie (saignements répétés dans les articulations en raison d’un manque de facteur de coagulation) ou l’hémochromatose (taux de globules rouges trop élevé dans le sang) peuvent provoquer une arthrose sévère de la cheville.
En plus des douleurs ressenties tout d’abord à l’effort puis également au repos, et tout particulièrement des douleurs de démarrage le matin au réveil ou après une longue position assise, l’arthrose de la cheville se manisfeste dans la plupart des cas également par une diminution marquée de la mobilité articulaire. Le diagnostic est confirmé par l’examen clinique et un bilan radiologique.
Traitement
Le traitement conservateur se fait par des mesures anti-inflammatoires locales et éventuellement la prise d’anti-inflammatoires par voie orale. L’adaptation des charges en réduisant certaines activités proquovant la douleur et la mise en place d’une chaussure adaptée peuvent soulager les symptômes. Une infiltration intra-articulaire d’acide hyaluronique et/ou de cortisone peut également être efficace temporairement. Mais l’arthrose a malgré tout tendance à progresser avec le temps.
Si les mesures conservatrices ne permettent plus de soulager suffisament les douleurs, un traitement chirurgical doit être envisagé. Si l’arthrose n’est pas encore trop avancée sur le plan radiologique et ne concerne qu’une partie de l’articulation, une opération visant à maintenir la mobilité articulaire tout en modifiant légèrement l’axe de l’arrière-pied permet d’améliorer les symptômes, on parle d’une ostéotomie de correction qui peut être réalisée au-dessus de la cheville (ostéotomie supra-malléolaire) ou au-dessous de la cheville (ostéotomie infra-malléolaire réalisée au niveau du calcanéum). Ces mesures permettent de freiner la progression de l’arthrose, mais leurs indications restent limitées à des cas bien sélectionnés.
Comme l’articulation de la cheville est essentielle dans la mobilité globale du pied, une arthrodèse de cette articulation devrait si possible être évitée. L’arthrodèse reste une option valable dans le traitement de l’arthrose avancée de la cheville, mais la perte de la mobilité de la cheville peut avoir des conséquences néfastes sur les autres articulations du pied et aussi sur les autres articulations de la jambe, comme le genou ou la hanche. Si les conditions anatomiques et la qualité de l’os le permettent, nous privilégions actuellement dans la plupart des cas la mise en place d’une prothèse totale de la cheville. Le remplacement de l’articulation permet de maintenir la mobilité articulaire et est très efficace contre la douleur due à l’arthrose. Les prothèses totales de cheville de la nouvelle génération bénéficient de plus de 30 ans d’observation et offrent des résultats tout à fait satisfaisants. Il s’agit toutefois d’une intervention techniquement difficile qui doit être réalisée par un spécialiste expérimenté dans la chirurgie du pied. La prothèse totale de la cheville, comme celle du genou ou de la hanche, a une durée de vie limitée qui se monte actuellement à 12 à 15 ans (données de la littérature spécialisée). Dans la plupart des cas la prothèse va commencer à se desceller avec le temps, ce qui peut occasionner des douleurs. En cas de qualité osseuse suffisante, un changement de prothèse à l’aide d’une prothèse dite de révision est possible, ce qui permet de maintenir encore la mobilité articulaire et d’épargner ainsi les articulations avoisinantes. Si un remplacement de la prothèse n’est plus possible en raison d’une qualité osseuse insuffisante ou du développement d’une infection de l’articulation, une arthrodèse peut toujours être réalisée, nécessitant toutefois le mise en place d’un greffon osseux prélevé au niveau de la crête iliaque (os du bassin).
Lors de l’arthrodèse, le cartilage restant sur les surfaces articulaires est éliminé complètement et les deux os sont préparés de telle sorte à pouvoir être fixés ensemble dans le but d’obtenir un « pont » osseux au niveau de l’articulation. L’arthrodèse est stabilisée à l’aide de vis ou de plaques le plus souvent en titane, matériel qui ne doit pas être forcément retiré par la suite.
Lors de la mise en place d’une prothèse totale, les surfaces articulaires sont complétement remplacées par les composantes prothétiques. Les coupes dans l’os se font de façon personnalisée sur la base d’une planification pré-opératoire sur scanner, ce qui garantit une position optimale et anatomique des implants. L’intervention peut durer jusqu’à deux heures en fonction d’éventuels gestes associés et peut être réalisée sous anesthésie générale ou rachidienne. On peut y associer une anesthésie locale d’un des nerfs principaux du pied (bloc poplité), ce qui permet de nettement réduire la douleur post-opératoire. Il faut compter deux à trois nuits d’hospitalisation. La marche se fait immédiatement dès le premier jour post-opératoire en décharge totale du pied opéré à l’aide de cannes dans une botte plâtrée amovible. Cette décharge totale est à respecter pendant les deux premières semaines. L’ablation des fils et la confection d’une nouvelle botte plâtrée amovible ont lieu 2 semaines après l’intervention. A partir de ce moment-là, une charge partielle de 15 à 20 kg sur le pied opéré est permise, ceci pour 4 semaines supplémentaires. Un contrôle clinique et radiologique est effectué 6 semaines après l’opération.
En cas d’intégration osseuse suffisante des implants, une augmentation progressive de la charge sur la cheville se fait sur une période de deux à trois semaines jusqu’à la charge totale. Dès la 7e semaine, un traitement de physiothérapie visant à faire diminuer la tuméfaction du pied et à améliorer sa fonction est mis en place. La reprise d’activités telles que la natation, le vélo ou la marche modérée est possible dès la 10e semaine post-opératoire. Les activités plus contraignantes sur le pied comme les randonnées de plus longue durée peuvent être envisagées à partir du 7e mois après l’intervention. Des activités comme la course à pied ou d’autres sports de type « stop and go » ne sont pas recommandées après une arthrodèse ou la mise en place d’une prothèse totale de la cheville. La cheville va continuer à s’affiner et à s’assouplir jusqu’à un an post-opératoire et retrouver progressivement sa pleine fonction. Des contrôles cliniques et radiologiques se font ensuite une fois par année durant les trois premières années, puis tous les deux ans dès la 3e année après l’intervention.